L'exposition "Moi toi nous" à la Médiathèque de Gignac se tient du 11 janvier au 9 février. Elle présente 6 collections de selfies (dont 4 ontdéjàété exposés à Montgeron), et des portraits des enfants du CADA (Centre d'Accueil des Demandeurs d'Asile).
Les collections de selfies sur tétrapack
Comme la gravure, la photographie permet de réaliser plusieurs exemplaires d’une même photo, d’une même matrice. Cependant, avec l’arrivée du numérique, on préfère avoir plusieurs images différentes plutôt que des reproductions.
Le téléphone portable est le miroir de notre image. On peut se regarder, seul ou en groupe, avec lui ou avec elle, ici ou là-bas, hier et aujourd’hui... Le selfie devient jetable, remplacé par celui de la nouvelle coupe de cheveux ou le nouveau voyage... Le selfie a la valeur qu’on lui donne à l’instant même où on le réalise, séries d’images, d’essais, de grimaces ou de sourires... afin de choisir celui qui ira gonfler l’album, déjà conséquent, publié sur les réseaux sociaux.
Le tétrapack est un matériau industriel utilisé comme emballage de liquides. Grâce à sa pellicule intérieure, il permet une gravure en creux (à la manière des plaques de zinc utilisées en gravure taille douce). Si la gravure est un processus long et difficile (même sur ce matériau souple), la vie de cette matrice jetable est aussi moderne et fragile que celle de nos selfies...
Mes “selfies sur tétrapack” ont été gravés à partir de vrais selfies pris par mon entourage sur mon téléphone. Pris de bonne ou de mauvaise grâce (j’aime pas trop les selfies... mais bon... pour toi je veux bien...), ils montrent toute la diversité du genre (réussis, triomphants, ratés, mal cadrés, drôles, sinistres...). Ces estampes forment une collection à la manière d’un album Instagram.
Les portraits des enfants du CADA
J’ai rejoint Corine Pagny en mai 2018 au CADA (Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile) de la Cimade à Béziers. Son projet était de travailler sur les murs du Centre. Nous avons commencé à dessiner les portraits des enfants pour les coller sur les murs de la cour intérieure (à l’abri). Puis nous avons organisé des ateliers artistiques et des visites de musées avec les enfants. Aujourd’hui encore le projet continue, les artistes peuvent nous rejoindre, il reste de la place sur les murs...
Hébergés au CADA, réfugiés ou apatrides, les enfants ont perdu beaucoup de choses dans leur exil avec leurs parents. Dessiner leur portrait, c’est leur donner à chacun un visage, une existence, les reconnaître en tant qu’individus. Coller ces portraits sur les murs du CADA, c’est offrir des sourires aux personnes qui y vivent ou qui y travaillent.
L'affiche de l'exposition est vendue 5€ au bénéfice des ateliers artistiques du CADA de La Cimade à Béziers.
Depuis la terrasse de mon atelier perché en haut de la montagne au dessus de la plaine biterroise, je vois la mer de Sète jusqu'à Béziers
Emmanuelle Jamme · tamponades · artiste · graphiste · 06 26 02 57 46 · contact